MÉMOIRES DE LUMIÈRES

Canevas sommaire

 

MÉMOIRE DE LUMIÈRES

Michel Lincourt © Copyright

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         L’action se déroule en France, sous le règne de Louis XV et l’administration du cardinal de Fleury.  Elle débute le 24 février 1741 et se termine le 24 juin de la même année.  Cette année-là, le jeune Denis Diderot signe son premier contrat littéraire.  Bientôt, il sortira de l’anonymat et prendra la direction de l’Encyclopédie.  Plus tard, il rédigera ses chefs d’œuvre.  Bien que le plus clair de l’histoire se passe au XVIIIe siècle, le récit comporte aussi des excursions vers le présent et le futur.

§

         Au soleil couchant du 24 février 1741, la princesse Sophia Hélios-Dorcis et madame Zhang Ya Ming débarquent au port de Marseille, rencontrent un valet qui appartient au marquis de la Clareté, Jacques Flambeau, et un cocher, Joseph Calment.  Un étrange jeune homme, Myop Glassman, les observe et les suivra tout au long de leur périple en France.

         Les dames montent à Paris en compagnie de Jacques et de Joseph.  En route, elles découvrent la misère du peuple, assistent à un crime odieux perpétré par des brutes ignobles, le capitaine d’Hadès et l’abbé des Veaux.  Une paysanne, Jeanne, est violée par d’Hadès, ce qui trouble la princesse.  Myop aide la paysanne.  Régulièrement, Ya Ming fait un cauchemar qui la terrorise.

         À Paris, Sophia et Ya Ming font le tour des cafés et des libraires à la recherche de Diderot et parviennent à l’identifier.  À quelques reprises, le hasard les amène à converser avec lui.  Pour obtenir leur titre de séjour, elles s’invitent chez le cardinal de Fleury.

         Au cours de la soirée chez le cardinal, elles racontent leur histoire : Natives de Chengdu, amies d’enfance, veuves, consacrées Immortelles, elles quittèrent la Chine pour accomplir un pèlerinage en France.  Une violente tempête les dérouta sur Goa.  Un boutre égyptien les amena en Égypte par la mer Rouge.  Voulant dévaliser ses passagères, le capitaine du petit voilier les agressa en pleine mer ; elles se défendirent mais presque tous leurs compagnons furent tués.  Elles traversèrent le désert d’Égypte, descendirent le Nil jusqu’à Rosette, montèrent sur un vaisseau génois qui les porta à Constantinople.  Là, elles logèrent chez une dame remarquable, Simona Agonismo, amie du Vizir.  Un soir, revenant du bazar, elles assistèrent à une lapidation et en furent profondément perturbées.  Une frégate de la Royale les amena à Marseille.

         Elles disent au cardinal qu’elles viennent en France pour ériger une chapelle votive à Pyrois, chef-lieu du duché de Luxemberg, en Champagne.  Mais on apprendra que ce pèlerinage n’est qu’un prétexte.  Rappelons que Pyrois niche à mi-chemin entre Paris et Langres, la patrie de Diderot.  Cette année-là, en juin, Diderot compte aller à Langres visiter son père.  Ayant connu la servante de l’auberge de Pyrois lors d’un précédent séjour, il s’arrêtera quelques jours dans ce bourg afin d’y célébrer la Saint-Jean avec elle.  C’est ce lieu et ce moment que des inconnus ont choisis pour agresser le jeune philosophe.  Sophia et Ya Ming savent qu’un tel méfait se prépare mais ignorent l’identité des assaillants.  Elles doivent donc se rendre à Pyrois à l’avance, s’y installer et, le moment venu, identifier les agresseurs et les neutraliser pour empêcher l’irréparable.

         À Paris, les dames vivent un certain nombre d’aventures, dont une soirée mouvementée au café de la Régence, une épreuve de tir à l’arc, une tentative de corruption et une partie champêtre au Cours-la-Reine.  Pendant ce séjour à Paris, Myop se lie d’amitié avec Joseph Calment, s’éprend de sa fille, Bérengère, et passe le plus clair de son temps à roder autour de Sophia et de Ya Ming.  Il apprend que l’abbé des Veaux et le capitaine d’Hadès, connus de Jacques, et un troisième personnage qui hait le marquis de la Clareté, le chevalier de Corbeillard, complotent pour attaquer et rançonner les étrangères.  Les bandits sont convaincus qu’elles transportent un fabuleux trésor.

         Les dames quittent Paris en compagnie du marquis de la Clareté, de Jacques et d’un autre valet, Firmin.  Leur première destination est l’abbaye des Nuées.  Le marquis et Firmin s’y arrêteront et Jacques conduira les dames à Pyrois.  Quelques heures avant d’arriver à l’abbaye, traversant une forêt, ils tombent dans une embuscade tendue par d’Hadès, de Corbeillard et une dizaine d’hommes.  Les dames et Jacques se défendent, sont blessés, le marquis, Firmin et de Corbeillard, tués.  D’Hadès et un complice s’enfuient.  Les survivants se réfugient à l’abbaye.

         Pendant leur séjour chez les moines, Sophia et Ya Ming affrontent le médecin de la communauté, un orgueilleux qui, par son incurie, provoque le décès d’un petit garçon.  Un amour passionné mais stérile nait entre Sophia et le père abbé, dom Gabriel.  Les énamoureux unissent leurs efforts pour réconcilier un couple dont l’épouse a été violée.  On apprend que dans sa jeunesse, Sophia fut victime d’un viol qui a laissé chez elle une cicatrice qui ne guérit pas.  On organise une fête pour le départ des dames : Sophia chante et Ya Ming joue aux échecs.

         Jacques raconte sa vie de traîne-misère : Fils d’une couturière, il reçoit une bonne éducation, devient apprenti chez un libraire, est victime d’une infamie et doit quitter Paris.  Il devient marin.  Son navire s’abîme sur la côte bretonne.  Il s’en tire et se retrouve enrôlé de force dans l’armée française.  Il guerroie en Italie.  Écœuré par les crimes de son chef, le capitaine d’Hadès, dégouté par les tueries de la guerre, sauvé par un ennemi, il déserte, se cache à Rome et accompagne un cardinal en mission diplomatique à Venise.  Par un concours de circonstances, il gagnera sa liberté.

         De son côté, troublé par l’attentat contre Sophia et Ya Ming, Myop se réfugie dans un bordel près de l’abbaye, puis dans une fabrique de verre. 

         Remis de leur blessure, les dames et Jacques quittent l’abbaye en compagnie de frère Ubald, d’un laquais d’écurie qui manie l’épée comme un dieu, Flamberger, et de deux autres moines.  En route pour Pyrois, les dames expliquent à Jacques le but de leur mission : sauver Diderot.  Le groupe s’installe à l’auberge où ils font la connaissance avec Marie, la jeune servante qui attend Diderot. 

         En plus de leur relation avec Marie, les dames charment les gens de Pyrois. A savoir notamment l’intendant Brillant, le curé Lustrier, les frères Soleil, le notaire Jagoury et une phalange de veuves joyeuses, dont la séduisante madame de Chabrel, l’ancienne maîtresse de l’intendant et la très belle et richissime madame de Grivald.  Sophia et Ya Ming identifient au sud du bourg un épaulement tapissé de coquelicots appelé Rubicond ; c’est là qu’elles érigeront leur chapelle, à côté d’une chaumière abandonnée.  Elles prennent possession du Rubicond, s’installent dans la chaumière et démarrent le chantier.  Un amour puissant nait entre Jacques et Marie.  Ils font ensemble un bref voyage à Troyes.

         Myop Glassman suit les voyageurs à Pyrois, change d’identité et s’installe chez madame de Chabrel qui vit dans un manoir à l’extérieur du bourg.  Sophia et Ya Ming accomplissent un exploit inouï : pour récupérer leur chat, Marie et Valentin, le fils de l’un des frères Soleil, s’aventurent au sommet de l’échafaudage qui entoure le clocher de l’église.  L’échafaudage s’écroule, Marie et le gamin restent suspendus entre ciel et terre, Sophia escalade le clocher et, grâce à la dextérité au tir à l’arc de Ya Ming, sauve la vie des imprudents.  À Pyrois, on débat pour savoir si les étrangères sont de simples mortelles, des sorcières ou des anges.

         Fous de rage suite à leur échec, l’abbé des Veaux et le capitaine d’Hadès s’acoquinent avec un sombre dominicain, le père de la Tour Noire, et ourdissent une machination pour enlever les dames, les rançonner, les violer, les torturer et les assassiner.  Munis de lettres de cachet, appuyés par une petite armée de brutes déguisées en mousquetaire, ils montent des barrages sur les routes d’accès à Pyrois, arrêtent les dames et les accusent de sodomie, de sorcellerie et d’hérésie.  Mobilisés par l’intendant Brillant et le notaire Jagoury, les gens de Pyrois empêchent que les prisonnières soient amenées hors du bourg ; l’abbé des Veaux, le père de la Tour Noire et leurs complices (sauf d’Hadès qui campe avec ses hommes dans la forêt) se réfugient dans le palais Ducal ; ils y emprisonnent les dames et le curé Lustrier.  Il s’en suit un hallucinant face-à-face : les inquisiteurs sont contenus dans le palais par les gens de Pyrois et ceux-ci sont prisonniers dans le bourg par les faux mousquetaires qui contrôlent les chemins.  Frère Ubald tente de franchir un barrage pour aller chercher du secours à l’abbaye des Nuées mais il est intercepté et laissé pour mort dans un fossé.  À son tour, Flamberger tente sa chance, se bat comme un fou, est blessé mais réussit à atteindre l’abbaye.  Encouragé par l’intendant Brillant et le notaire Jagoury, Jacques et Marie partent pour Paris car là se trouvent des documents qui peuvent confondre l’abbé des Veaux et le capitaine d’Hadès.  À la sortie du bourg, ils sont attaqués par les hommes de d’Hadès mais sont secourus par Myop.

         Les inquisiteurs forcent des voyous du pays à violer Ya Ming en présence de Sophia et du curé Lustrier.  Puis ils attachent la suppliciée au portail du palais, à la vue des villageois.  Après quelques tentatives infructueuses, elle est finalement délivrée grâce à Valentin qui sème la panique chez les soldats de l’inquisition en lançant un nid de guêpes dans le palais.

         Coincés dans le palais Ducal, manquant de nourriture, les inquisiteurs demandent à parlementer.  L’intendant Brillant propose la libération de la princesse et du curé contre des vivres et un sauf-conduit pour quitter le duché.  Les bandits rétorquent qu’en retour du ravitaillement, ils ne soumettront pas la princesse à la question et tiendront le procès d’inquisition au palais Ducal : si la princesse et sa complice sont reconnues coupables, les gens de Pyrois devront lui livrer la Chinoise et ne s’opposeront pas à leur départ avec les prisonnières.  Convaincu de l’innocence des dames, l’intendant accepte ce sordide marchandage. 

         Pendant ce temps, Jacques arrive chez Joseph Calment, à Paris.  Le cocher et sa famille décident de venir témoigner au procès des étrangères.  Deux voitures sont empruntées pour le voyage à Pyrois : guidée par Joseph, la première amène Jeanne (la paysanne violée par d’Hadès et qui possède une preuve de la perfidie de l’abbé des Veaux), Bérengère et le fils aîné de Joseph, Marcellin ; guidée par Jacques, la seconde transporte le second fils de Joseph, Julien, la mère et la tante de Jacques car elles aussi détiennent un document pouvant confondre l’abbé des Veaux.  En chemin, Joseph Calment est victime d’un accident : Myop le soigne, lui sauve la vie et déclare son amour à Bérengère.  Orry est informé des incidents au duché de Luxemberg et envoie les mêmes inspecteurs qui surveillent les dames depuis leur séjour à Paris, Flageolet et Désorcis.  L’intendant de Champagne Lepelletier de Beaupré, dom Gabriel, un groupe de moines, les inspecteurs Flageolet et Désorcis et un détachement de mousquetaires galopent vers Pyrois.

         À cause des témoignages de la mère de Jacques et de Jeanne, à cause surtout de la trahison d’un complice du capitaine d’Hadès, le procès d’inquisition se termine dans la confusion.  Sophia est libérée mais marquée au fer rouge.  Les inquisiteurs quittent sous les quolibets des villageois.  La foire s’installe sur la place.  Caché dans la forêt avec ses hommes, le capitaine d’Hadès qui n’a pas reçu son dû n’abandonne pas l’idée de cambrioler le trésor des dames.

         Au milieu de cette cohue, Sophia et Ya Ming n’oublient pas leur mission : Diderot et ses mystérieux agresseurs arriveront dans deux jours.  Elles doivent à tout prix prévenir le drame.

         Diderot descend du coche à l’auberge de Pyrois.  Il demande à voir Marie.  On lui répond qu’elle est au Rubicond.  On lui décrit les dames étrangères.  Il reconnait celles qu’il a croisées à Paris et décide d’aller les surprendre.  En route, il tombe sur un inconnu qui dit venir des colonies, prétend le connaître et souhaite lui parler.  Diderot et l’inconnu entendent une femme crier au secours, courent en direction de l’appel.  Sur un petit pont, Marie se débat contre le capitaine d’Hadès et deux hommes.  L’inconnu et Diderot veulent s’interposer, Marie et l’inconnu sont bousculés dans le torrent, Diderot est assommé.

         Prisonnier de d’Hadès, Diderot est amené dans la forêt.  Pendant que, dans la chaumière, Jacques veille sur Marie, le petit Valentin et l’inconnu qui se nomme Geoffroy Saint-Ardent, Sophia et Ya Ming partent délivrer Diderot.  Le temps est à l’orage.  Des luttes, des fusillades et des poursuites se succèdent dans l’obscurité la plus opaque.

         Les dames et Diderot émergent de la forêt, la meute de bandits sur leurs talons.  Dans la poursuite, Sophia, Ya Ming et Jacques sont blessés.  Ils se réfugient dans la chaumière.  Un violent orage éclate, des éclairs zèbrent la nuit, le toit de la chaumière s’enflamme.  D’Hadès et ses hommes montent à l’assaut du Rubicond, mitraillent la maison.  Tapi non loin de la chaumière, Myop assiste à la bataille, voit Sophia s’écrouler sur le talus, fauchée par la mitraille.  Il bondit.  Dans la lueur de l’incendie, son regard cherche celui de Valentin.  L’homme et le gamin se dévisagent.  Valentin comprend qu’il doit sauver Sophia.  En dépit de ses blessures multiples, le gamin ramène Sophia inconsciente dans la chaumière qui brûle . . .

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«En vérité, cette postérité serait bien ingrate, si elle m’oubliait tout à fait, moi qui me suis tant souvenu d’elle.» 

Denis Diderot, philosophe, 1713-1784.

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