PRÉSENCE DE LUMIÈRES

L’utilité des députés?

Un comité à l'oeuvre: les élus d'aujourd'hui font-ils honneur à leurs prédécesseurs?

Un comité à l’oeuvre: les élus d’aujourd’hui font-ils honneur à leurs prédécesseurs?

Aujourd’hui, je veux parler de nos députés fédéraux. Que font-ils, ces messieurs dames, lorsqu’ils siègent au Parlement? Leur activité est-elle de quelque utilité pour les citoyens canadiens? La question, je pense, mérite d’être posée.

Dans La Presse du 2 décembre 2009, le chroniqueur Vincent Marissal ne se trompait pas lorsqu’il affirmait à propos du débat parlementaire relatif à la guerre en Afghanistan: « Ces histoires de torture de prisonniers talibans [qui] agitent énergiquement les Communes . . . [sont un] sujet [qui] arrive bien loin dans les préoccupations des Canadiens. » Voilà un bien triste constat. Qui va bien au-delà de la question afghane. D’une façon générale, les citoyens ne s’interressent pas au travail des élus et ceux-ci ignorent les vrais problèmes de la société. Non, ce n’est pas vrai. Je me reprends: les députés ne se désintéressent pas des enjeux sociaux. Leur attitude est encore plus déconcertante: bien qu’ils soient sensibles aux problèmes, ils font très peu pour les résoudre. C’est comme s’il avaient été élus pour ne faire que de la figuration. C’est comme si, dans leur esprit, l’esbroufe suffisait et pouvait remplacer l’action efficiente.

Vivre en démocratie signifie que nous élisons des députés pour s’occuper de nos affaires et régler nos problèmes. C’est le contrat moral entre les électeurs et les élus, renouvelé à chaque élection. Mais de plus en plus, nous constatons que ces messieurs dames du Parlement, une fois dans leurs meubles, discourissent en vase clos et ne produisent que très rarement des mesures concrètes concernant les problèmes qui préoccupent les citoyens. Ils ossillent entre le mode analyse et le mode invective et n’osent jamais celui de la recherche de solutions.

Derrière la désolante foire d’empoignes de la période de questions et les votes de confiance, il y a les comités. Nos élus consacrent au moins autant de temps au travail en comités qu’au travail en plénière. À la Chambre des Commune, j’ai compté vingt-sept comités. C’est beaucoup. Et je n’ai pas tenu compte des comités mixtes (avec le Sénat), ni des sous-comités qui sont sans doute aussi nombreux que les comités eux-mêmes. Donc, des palabres à en perdre le souffle. Quel est le résultat pratique de cette immense dépense d’énergie? Bien maigre, je pense.

Je prends un exemple pour illustrer ce triste constat. Le comité des Finances est l’un des plus importants comités des Communes. Douze députés y siègent. Six Conservateurs (dont le président, monsieur James Rajotte, et madame Kelly Block, la seule femme), trois Libéraux (MM. Pacetti, McCallum et McKay), deux Bloquistes (MM. Laforest et Paillé, nouvellement élu) et un Néo-démocrate (monsieur Mulcair). En principe, ce comité a pour mandat d’examiner les problèmes financiers et économiques du pays, d’en analyser les tenants et les aboutissants, et de suggérer des politiques ou des lois qui, une fois votées en plénière, apporteront des solutions aux problèmes. En pratique, le fait-il vraiment? Oh, on y discute beaucoup. Mais, à la fin de la journée, comme disent les Anglais, trouve-t-on un résultat concret?

En septembre 2008, éclatait une crise financière qui provoqua un immense bordel planétaire: faillites spectaculaires, sévère ralentissement économique, explosion du chômage, pertes financières démesurées, épargnes qui fondent comme neige au printemps, fonds de pension qui rétrécissent, banques rescapées à coups de milliards d’argent public, plans désespérés de relance économique, encore à coups de milliards, etc. Pendant dix-huit mois, le comité des Finances s’est penché sur cette question. Il a entendu des fontionnaires, des représentants d’institutions financières, des lobbyistes du monde financier, mais peu de simples citoyens. Et quel est le résultat de cette agitation? Rien. Désolant immobilisme.