PRÉSENCE DE LUMIÈRES
Le NPD et la nouvelle crise financière

Nycole Turmel, chef intérimaire du NPD
Sur toutes les tribunes, le NPD clame qu’il est l’alternative à l’actuel gouvernement Conservateur de Stephen Harper. Il crie qu’il possède la maturité politique, la compétence et l’expérience pour gouverner le pays. Eh bien, la nouvelle crise financière qui nous tombe dessus lui donne l’occasion de démontrer qu’il a raison de pavoiser, qu’il a l’étoffe d’un parti de pouvoir.
La question qui se pose est la suivante : En ce domaine où s’entremêlent de gigantesques intérêts qui ne vont pas dans le sens des objectifs socio-démocrates du NPD, celui-ci est-il capable faire preuve de leadership?
À ne pas douter, ces jours-ci, à travers le monde, les bourses, les banquiers, les spéculateurs de tout acabit s’affolent. Et pendant que la folie déferle, les leaders politiques des pays du G20 discutent. Et si l’on en croit les bulletins nouvelles, aucun d’entre eux ne peut – ou ne veut – mettre de l’avant des idées transcendantes. Aucun n’a le courage d’apporter de véritables solutions au problème systémique de la finance internationale. Si le NPD, lui, était au pouvoir, quelle serait sa position? Quel projet économique et financier voudrait-il promouvoir devant la communauté internationale?
Peut-être que le NPD a-t-il déjà un ensemble de propositions pour améliorer le système financier. Mais s’il en a un, j’avoue ne pas l’avoir vu.
Quoiqu’il en soit, voici quelques idées pour sortir le monde du marasme économique et financier dans lequel il s’est embourbé :
1. Discipliner les bourses pour éviter les chutes et les envols à la fois démesurés et irrationnels. Réglementer les bourses pour rendre la spéculation si non impossible, du moins difficile. Et, en même temps, les réglementer pour faciliter les investissements productifs et socialement pertinents.
2. Instituer la taxe Tobin sur les flux financiers internationaux. Le fruit de cette taxe serait utilisé à plus d’une fin, comme notamment payer les dettes des pays, alléger la misère du monde et combattre la pollution.
3. Interdire la spéculation sur les devises; à la place, instituer un mécanisme international d’arbitrage des taux de change.
4. Interdire la spéculation sur les denrées; les seules entreprises autorisées à transiger sur les bourses de denrées seraient les producteurs et les consommateurs; les spéculateurs en seraient interdits.
5. Par une réglementation contraignante, transformer les fonds spéculatifs (i.e.: hedge funds, etc.) en des fonds d’investissement productifs.
6. Interdire toutes les pratiques et les produits financiers exclusivement spéculatifs (comme le daytrading ou les papiers commerciaux).
7. Réduire les budgets militaires de tous les pays et rediriger les économies vers un développement productif (agriculture, industrie, énergie propre, etc.)
8. Refinancer les dettes souveraines; les revenus engrangés par la taxe Tobin, la réorientation des budgets militaires et la fin de la spéculation boursière auront pour résultat de ramener la dette à des proportions raisonnables; en plus, cette dette sera pour des investissements et non pour l’administration quotidienne.
9. Réformer les politiques et les pratiques fiscales pour éliminer les fraudes et les exemptions déraisonnables.
Voilà. J’invite le NPD à puiser sans vergogne dans ce panier de propositions. Bien sûr, chacune doit faire l’objet d’examens critiques et de débats. Et toutes doivent s’inscrire dans une politique fiscale, économique, financière et sociale cohérente.
Pour le court terme, l’Opposition officielle doit exiger un débat en Chambre des Communes sur la nouvelle crise financière et sur les mesures à prendre pour l’endiguer. Il est inacceptable que des questions aussi graves, qui engagent l’avenir de tous les Canadiens, soient abordées exclusivement en petit comité, par un ministre et quelques conseillers anonymes, derrière une porte close.
Le NPD a un rôle à jouer.