PRÉSENCE DE LUMIÈRES
Une Assemblée digne
Cette lettre est adressée aux principaux leaders parlementaires de la prochaine Assemblée nationale, à savoir :
mesdames Pauline Marois, Fatima Houda-Pépin, Carole Poirier, Sylvie Roy, Agnès Maltais, Françoise David et Lise Thériault;
et messieurs François Legault, Pierre Moreau, Jean-François Lisée, Jacques Chagnon, Amir Khadir, Raymond Bachand, Gérard Deltell, François Gendron et Jacques Duchesneau.
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Permettez-moi tout d’abord de vous offrir toutes mes félicitations pour votre récente victoire électorale. Comme vos collègues élus, vous assumez maintenant, individuellement et collectivement, d’immenses responsabilités. Bientôt, vous prêterez serment d’œuvrer au mieux-être de tous les Québécois. Je prends pour acquis que vous vous montrerez dignes de la confiance que les Québécois mettent en vous. Tous mes vœux de patience, de courage et d’abnégation vous accompagnent.
Pourquoi m’adresse-je à vous seize, spécifiquement? Parce que vous jouissez d’une excellente réputation. C’est-à-dire parce que vous êtes parmi ceux qui ont toujours fait preuve d’une grande dignité et d’une incontestable civilité. L’invective ne fait pas partie de votre discours, la médiocrité ne ternit pas votre comportement. Faut-il vous en féliciter? Je ne pense pas. En fait, vous ne faites que vous comporter comme des notables responsables dans une société démocratique et civilisée. En plus, si je vous interpelle, c’est parce que, maintes fois, vous avez démontré votre compétence. Vous êtes donc des élus que l’on aime citer en exemple. Bien sûr, d’autres députés vous ressemblent. D’autres, en revanche, se font une gloire de vociférer. Enfin, vous seize, vous jouissez d’une influence certaine auprès de vos collègues et de l’opinion publique.
C’est pour cette bonne notoriété je m’adresse à vous.
Ma modeste requête est la suivante :
Vous serait-il possible de vous donner le mot pour civiliser vos échanges à l’Assemblée nationale, notamment lors de la période de questions? Vous, mesdames et messieurs de l’Opposition, pourriez-vous poser des questions qui seront plus que des crocs-en jambe? Et vous, mesdames et messieurs du Gouvernement, pourriez-vous donner des réponses qui seront plus que des faux fuyants. Soyez constructifs et polis. Est-ce si difficile? Après tout, vous n’avez pas été élus pour faire le crétin à l’Assemblée nationale. D’ailleurs, dans vos rapports personnels, vous êtes tous des gens charmants. Pourquoi ne pas adopter cette même attitude courtoise au Salon bleu. Donnez le ton en ce sens et prenez sur vous de réfrénez les ardeurs belliqueuses de certains de vos collègues mal embouchés. Une fois pour toutes, mettez de côté les injures, les invectives, le ton vociférant et les phrases assassines qui ne servent qu’à envenimer le débat. En somme, ce que je vous demande, c’est de vous comporter avec prévenance et déférence. Sur ce point, je n’hésite pas à affirmer que l’immense majorité des Québécois pense comme moi.
Au-delà de cette nécessaire civilité dans le débat public, ce que je vous demande, c’est de mettre de côté votre partisannerie parfois débile pour collaborer au mieux-être de la société. Les problèmes qui nous confrontent sont graves et aucun des partis ne possède la solution miracle. En démocratie, le compromis n’est pas nécessairement la compromission et les bonnes idées viennent de tous les côtés de l’Assemblée. Sur ce point aussi, presque tous les Québécois me rejoignent.
En somme, ce que je vous dis, c’est que vous avez été élus pour œuvrer au bien collectif des Québécois, non pour vous empoigner dans un bras-le-corps à la fois disgracieux et stérile.
C’est à vous seize de donner l’exemple. Les Québécois vous observent. Si vous faites preuve d’un leadership optimiste et digne, ils auront la sagesse de vous applaudir. Après tout, ils ont eu celle de vous élire.
M.L.
PS.