PRÉSENCE DE LUMIÈRES

Histoire de Claire 6 Île Saint-Ignace

Le déménagement à l’île Saint-Ignace

Île Saint-Ignace, dans l’archipel du lac Saint-Pierre

Claire, tu te souviendras que Michel Désorcy dit le Boute-en-train a eu deux fils et une fille : Michel II naissait en 1656, Charles cinq ans plus tard et Marie-Magdeleine en 1663.Tu te souviendras aussi que l’épouse de Michel, Françoise de la Barre, décéda en 1661 suite à la naissance de Charles et que le Boute se remaria l’année suivante avec Françoise Huboust, âgée de 24 ans; Marie-Magdeleine est l’enfant du second lit.

La famille Désorcy vit à Sillery près de Québec.Michel Désorcy dispose de revenus dont on ignore l’origine mais qui le dispensent de travailler.Instruit, de bonne compagnie, il fréquente les notables de la colonie.Un de ses amis est Jean Boudon, ingénieur, arpenteur et conseiller du gouverneur; c’est lui qui dessine les premiers plans de Québec.Il est témoin au mariage de Michel avec Françoise Huboust et témoin aussi au baptême de la petite Marie-Magdeleine.

Jean Bourdon possède une seigneurie située sur la rive nord du Saint-Laurent, à ‘une marée de distance’ de Québec, appelée Dombourg (anagramme de Bourdon, aujourd’hui Neuville).En 1679, Michel achète pour Michel II une magnifique terre donnant sur le fleuve.Le père et le fils construisent la maison et les dépendances.Ce sera l’héritage du Boute-en-train à son fils.Aujourd’hui, cette propriété appartient à un ami à moi, un confrère du collège André-Grasset, avocat, écrivain et militant altermondialiste.

Les temps sont durs à Québec à la fin du XVIIe siècle.Comme la plupart des jeunes hommes, Michel II doit s’engager.À l’automne de 1683, il signe un contrat d’embauche avec Louis Jolliet, capitaine d’une barque trois-mâts qui fait du cabotage sur le Saint-Laurent.

Ce Louis Jolliet est un héros national.Forte personnalité, cultivé, entreprenant, navigateur aguerri, il est le parfait modèle de l’honnête homme.Il a étudié à Québec, à La Rochelle et à Paris.Il a soutenu une thèse de philosophie et possède une expertise unique dans l’art de la navigation.Musicien renommé, il touche l’orgue à la cathédrale de Québec.Il enseigne la musique au Petit Séminaire de Québec et, au Collège des jésuites, forme les pilotes des voiliers qui empruntent le Saint-Laurent.

Habile navigateur, Louis Jolliet est aussi un grand explorateur.À la fin de l’été 1672, il reçoit de l’intendant Jean-Talon et du gouverneur Buade de Frontenac l’ordre de découvrir le mythique fleuve Mississipi, au cœur du continent américain.On espère que ce grand fleuve dont parlent les Indiens coule vers l’ouest et mène à l’Asie.En canot d’écorce avec un compagnon, Jolliet remonte le Saint-Laurent jusqu’au fort Frontenac (Kingston), traverse le lac Ontario, gravit le portage du Niagara, traverse le lac Huron et rejoint en décembre le jésuite Jacques Marquette au fort Michilimakinac, un poste de traite situé à la jonction des lacs Supérieur, Michigan et Huron.

Il y passe l’hiver.

En mai de l’année suivante, il repart, cette fois-ci en compagnie de Marquette et de cinq métis canadiens-français.Naviguant sur deux canots, les explorateurs longent la rive ouest du lac Michigan, remontent la rivière du Renard, fraternisent avec les indiens de la région, effectuent un portage jusqu’à la rivière Wisconsin qu’ils descendent jusqu’au fleuve Mississipi.Mission accomplie!Mais le fleuve ne coule pas vers l’ouest, va plutôt vers le sud.Néanmoins, Jolliet et ses compagnons poursuivent l’exploration du Mississipi jusqu’àl’embouchure de la rivière Arkansas qu’ils atteignent en juillet.Ils l’ignorent mais ils sont alors à 700 kilomètres du delta du Mississipi sur le golfe du Mexique.Ils croisent des Indiens armés de fusils espagnols qui se montrent peu accueillants.Ils rebroussent chemin et reviennent au lac Michigan par la rivière Illinois, à l’emplacement de l’actuelle ville de Chicago.Marquette hiverne à la mission Saint-François-Xavier (Green Bay), au fond de la baie des Puants.Et Jolliet rentre à Québec faire son rapport.

Sans tirer un seul coup de fusil, fraternisant avec les Indiens, Louis Jolliet et Jacques Marquette viennent de conquérir la moitié du continent nord-américain au profit du roi de France.

Louis Jolliet achète son bateau vers 1675.Michel II sera son second pour la saison de navigation de 1684; les émoluments du jeune homme s’élèveront à 25 livres par mois, plus le logis et la nourriture.

Le 5 juillet de la même année, Marie-Magdeleine épouse André Maufey.Ils vivront à Sillery et auront six enfants.

Trois ans plus tard, Michel II épouse Françoise Garnier; il a 30 ans, elle, 19 ans.Ils s’installent à Dombourg et auront dix enfants, à savoir Françoise en 1688 qui décèdera à l’âge de 12 ans, Michel III en 1689, Angélique en 1691, Étienne en 1694 qui mourra jeune, Jean-Baptiste en 1696 [c’est lui qui prendra le nom de Lincourt], Joseph en 1699, Thérèse en 1701, Isabelle en 1705, Gabriel en 1707 [la fille de Gabriel adoptera aussi le nom de Lincourt], et Charlotte en 1710 qui mourra à l’âge de 2 ans.

On ignore la date du décès du Boute-en-train.On pense qu’il meurt à la toute fin du XVIIe siècle.Mais aucun document n’atteste de ce fait, sans doute à cause d’un incendie à l’Hôtel-Dieu de Québec qui a détruit des archives.En revanche, on sait que le 12 mars 1704, Michel II et Marie-Magdeleine se partagent devant notaire l’héritage de leur père, de Françoise Huboust et de l’oncle Charles, ces deux derniers décédés quelques années plus tôt.

Le déménagement

L’année 1715 est importante dans l’histoire des Lincourt.C’est l’année du grand déménagement de la famille à l’île Saint-Ignace, dans la seigneurie de Sorel.

Claire, permets-moi de t’expliquer le contexte à la fois géographique et politique de ce déménagement.

Deux mots d’abord sur l’île Saint-Ignace.Elle fait partie de l’archipel du lac Saint-Pierre, sur le fleuve Saint-Laurent, à l’embouchure de la rivière Richelieu, entre Sorel et Berthier, à 80 km de Montréal et à 190 km de Québec. Au début du XVIIIe siècle, elle n’est pas habitée, sert parfois de pâturage.

Le Saint-Laurent et ses affluents définissent la Nouvelle-France.Puisant sa source dans les Grands Lacs, le Saint-Laurent traverse la colonie du sud-ouest vers le nord-est; il en est l’épine dorsale.L’un des principaux affluents du grand fleuve est le Richelieu.Orientée nord-sud, cette belle rivière se jette dans le Saint-Laurent en amont d’un élargissement du fleuve appelé lac Saint-Pierre.Face à l’embouchure du Richelieu, sur le fleuve, il y a une centaine d’îles : c’est l’archipel du lac Saint-Pierre.

Le Saint-Laurent et le Richelieu sont à la fois des avenues de commerce et des voies d’invasion.Venant de la région au sud du lac Ontario, les Iroquois arrivent par ces cours d’eau; plus tard, les armées anglaises et américaines emprunteront les mêmes chemins.Il faut donc les sécuriser, en particulier à leur point de jonction.

En 1665, le régiment Carignan-Salières débarque à Québec.Il a pour mission de protéger les colons contre les attaques des Iroquois.Dans l’état-major du régiment, on distingue deux officiers de grande valeur, Pierre de Saurel et Isaac-Alexandre Berthier.Le premier reçoit l’ordre de reconstruire le fort Richelieu, au confluent du Saint-Laurent et du Richelieu, incendié par les Iroquois quelques années plus tôt; Saurel érigera trois autres forts plus en amont sur le Richelieu.Le second est nommé à la garnison de Québec.Saurel et Berthier deviennent amis, puis beaux-frères.En 1668, Saurel épouse Catherine Le Gardeur de Tilly; en 1670, Berthier épouse Marie, la sœur de Catherine.Quelques années plus tard, en remerciement des services rendus, le gouverneur octroie à chaque capitaine une seigneurie.Saurel devient le seigneur de Sorel, à l’emplacement du fort Richelieu, sur la rive sud du fleuve; Berthier devient seigneur de Berthier-en-Haut, sur la rive nord du fleuve.

Chaque domaine acquiert une moitié de l’archipel; l’île Saint-Ignace échoit à Sorel, l’île Dupas, à Berthier.Ces deux îles seront parmi les premières à recevoir des colons.Encore aujourd’hui, la plupart des îles de Sorel demeurent sauvages, des sanctuaires pour les oiseaux migrateurs.

Un étroit bras du fleuve sépare l’île Saint-Ignace de l’île Dupas; c’est le chenal des Épouffouettes.(‘Épouffette’ est une déformation du mot ‘époussette’, résultant de la typographie du XVIIIe siècle, où le ‘s’ ressemble au ‘f’; une époussette est un carré de tissu grossier servant à « épousseter » les chevaux.)Quant au cours principal du fleuve à travers l’archipel, il passe entre l’île Saint-Ignace et le fort Frontenac.Aujourd’hui, un traversier relie l’île Saint-Ignace à Sorel; et par l’île Dupas et l’île aux Ours, trois ponts connectent l’île Saint-Ignace à Berthierville.

En 1682, Pierre de Saurel joint une expédition qui part pour le territoire de l’Ohio, découvert par Jolliet et Marquette dix ans plus tôt.Menée par Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseilliers, forte d’une quarantaine d’hommes, elle échangera des barriques de rhum contre des ballots de fourrures.Au retour de ce voyage, Saurel décède subitement d’une crise cardiaque.Sa veuve Catherine administrera la seigneurie pendant 31 ans. En 1713, à bout de ressources, elle met la propriété aux enchères.C’est Claude de Ramesay, alors gouverneur de Montréal, qui fait la meilleure offre.Il acquiert la seigneurie de Sorel pour 9200 livres.L’année suivante, il proposera à Michel II de venir s’installer à l’île Saint-Ignace.

Une bonne raison incite Ramesay à faire cette offre et plusieurs bonnes raisons poussent Michel II à l’accepter.

Ramesay doit rentabiliser son investissement.Et la seule façon de le faire est d’y amener des colons, c’est à dire de leur offrir une terre.À leur charge de la défricher, de la cultiver. Si les habitants travaillent bien, à coup sûr ils prospéreront.Et le seigneur y trouvera son compte parce que ses gens feront tourner le moulin, participeront de bon cœur aux corvées et paieront la rente sans rechigner. Ramesay répète à qui veut l’entendre que la fortune du vassal fait la fortune du seigneur.

Au printemps de 1714, le gouverneur en titre de la Nouvelle-France, le marquis de Vaudreuil, doit se rendre en France.Pendant son absence, le gouverneur de Montréal assure l’intérim.Ramesay profite de son séjour à Québec pour recruter des colons pour sa seigneurie de Sorel.On lui a parlé en bien de Michel Désorcy, fils de Michel le Boute-en-train, qu’il a connu dans le temps et qu’il estimait.Il invite Michel II à venir discuter devant un verre de rhum.

Ramesay veut tout savoir sur les Désorcy.Michel II répond sans retenue.Il dit qu’il vit sur une belle terre à Dombourg et qu’en dépit de la difficulté du temps, il s’en tire assez bien.A-t-il des héritiers?Madame Désorcy a donné naissance à dix enfants, le Seigneur en a rappelé trois à lui. Des garçons, des filles? Quatre solides gaillards, trois belles demoiselles, répond Michel II avec fierté.

Ramesay explique à Michel II qu’il ne désire pas lier son sort avec n’importe quelle tête brûlée.Ce qu’il souhaite, dit-il, ce sont des colons vaillants, intelligents, si possible instruits, bien mariés, avec des enfants robustes qui assureront la relève.

Monsieur Désorcy, dit Ramesay, pourquoi ne viendriez-vous pas vous installer sur l’île Saint-Ignace, dans mon domaine de Sorel?

Michel II demande des précisions.Ramesay décrit l’île, cite des chiffres.Michel II hoche la tête, dit qu’il réfléchira, qu’il en parlera à sa famille.Les deux hommes se serrent la main, promettent de se revoir.

Au cours des semaines qui suivent cet entretien, les Désorcy discutent ferme.Autant les parents que les enfants savent que l’avenir n’est guère prometteur.Bien sûr, aujourd’hui, la terre de Dombourg leur assure une vie somme toute honorable.Mais demain?Michel II sait qu’il n’a pas les moyens d’acheter une terre pour chacun de ses garçons, ni de doter ses filles comme elles le méritent.

On soupèse les options.Sans y croire, Michel II suggère que les garçons pourraient s’engager : les trois aînés font la grimace.Assis à l’écart, flattant le chien, le petit Gabriel partage l’opinion de ses frères : il sait qu’avoir une terre à soi est le meilleur moyen d’échapper à la misère.

Et nous, pourquoi nous ne prendrions pas le voile? lance Thérèse sur un ton sarcastique.

Même à treize ans, elle a son franc-parler.La mère lève les yeux au ciel.Elle ne s’en fait pas : comme elle, ses filles ont le sang trop chaud pour la religion.Mais elle n’ignore pas que la pénurie des terres à Québec est bien réelle.

Tu sais, mon mari, acquérir une terre n’est pas qu’une question de deniers. Il n’y en a peu de disponibles et celles qui restent sont rocailleuses.

Moi, je ne veux plus rester ici, affirme Angélique. On va tous crever.Je n’oublie pas tante Magdeleine.

Ce que la jeune femme veut dire, c’est que les épidémies se succèdent à Québec et font des ravages.En 1689, c’était la rougeole, dix ans plus tard, la petite vérole, la varicelle en 1701, l’année suivante, encore la petite vérole qui faisait 300 victimes, en 1711, c’était la maladie de Siam venue des Antilles qui emportait des dizaines de bons sujets du roi, dont Marie-Magdeleine, son mari et deux de ses enfants.

Personne n’oublie, dit la mère.

Pourquoi ne pas retourner en France? suggère Jean-Baptiste.

Mon fils, ça serait une mauvaise idée, réplique le père.

Et pourquoi ça?

Plusieurs raisons, reprend le père.J’en discutais l’autre jour avec monsieur de Ramesay.Ici, les temps sont durs, c’est entendu, mais là-bas, on crève de faim.Ici, les hivers sont rigoureux mais on sait faire; tandis que là-bas, on gèle nu-pied dans ses sabots.Saviez-vous qu’en janvier 1709, 24 000 Parisiens sont morts de froid.Et la troupe a mitraillé la populace qui rouspétait.Ici, l’Anglais ne cesse de nous menacer, mais là-bas on ne cesse de s’entretuer.Pourquoi?Pour la succession du trône d’Espagne, c’est-à-dire pour satisfaire un caprice du roi.

Michel III se lève et va secouer sa pipe sur la paroi de l’âtre.Il est l’aîné, il a 25 ans, lit beaucoup et sait que son opinion compte.Il se tourne vers sa famille.

Mes parents, mes frères et sœurs, c’est moi qui vous le dis : personne n’ira en France parce que la France se fiche de nous.Regardez le traité d’Utrecht signé l’an dernier.La France a cédé l’Acadie, l’Ohio, la baie d’Hudson et Terre-Neuve à l’Angleterre.Contre quoi?Des quetsches.

Contre la possibilité que le petit-fils du roi devienne un jour roi d’Espagne, interjette Jean-Baptiste.

C’est ce que je dis, des prunes. Et elles sont pourries en plus.

Françoise Garnier est fière de ses enfants.Elle se lève à son tour.

Il me semble, mon mari, dit-elle d’une voix posée, que l’offre de monsieur de Ramesay mérite un examen sérieux.Pourquoi ne ferais-tu pas un petit voyage à Sorel, pour te faire une meilleure idée de cette île où il veut nous accueillir.

Michel II opine.

Quelques semaines plus tard, une flottille de canots glisse sur l’eau calme du chenal des Épouffettes.L’intendant du domaine et un de ses hommes conduisent le canot de tête; ils servent de guides. Derrière suivent quatre canots portant des hommes vigoureux.Il y a là les frères Louis et Joseph Fafart, les frères Gabriel et Joseph-Marie Bérard-Lespine, les frères Jean, François et Joseph Plante, et les Désorcy, à savoir Michel II et ses fils Michel III et Jean-Baptiste.La flottille accoste, les hommes gravissent le talus de la rive, se rassemblent autour du guide.Devant eux part une herbeuse.

Remarquez que le chemin suit le chenal sur la crête du talus, dit l’intendant.C’est le rang Saint-Isidore.Les terres se succèdent sur votre droite, le long su rang.La première borne est ici, la prochaine est trois arpents plus loin, et ainsi de suite.Chaque terre est accessible par le chenal et par le rang.

Combien de terres sur l’île? demande Joseph Plante.

Vingt-trois terres vous sont offertes, répond l’intendant.Elles couvrent plus de la moitié de l’île.

Quelle superficie? demande Louis Fafart.

Tous ont compris qu’il demandait la superficie de chacune des terres offertes.L’intendant répond.

Deux terres ont 2 arpents de largeur sur 32 arpents de profondeur, quatre terres ont 3 arpents sur 30, dix ont 3 sur 35, et sept ont 3 sur 40.Les habitants construiront leur maison et les dépendances près du chemin, sur le talus.Car il faut que je vous explique une chose à propos de cette île.Chaque printemps, à la débâcle, le fleuve inonde le plus clair de l’île.Les seules parties qui restent émergées sont la crête du talus le long du chenal, où nous sommes, et le bois que vous voyez à l’horizon, du côté du grand fleuve.

Des regards interrogateurs et un peu inquiets scrutent l’intendant.

Cette inondation annuelle est un cadeau du ciel, dit celui-ci. En se retirant, le fleuve laisse sur l’île un limon qui enrichit la terre.Vous ne trouverez pas de terres plus fertiles au Canada. En plus, il ne vous sera pas nécessaire de creuser un puits puisque le chenal coule à moins de dix toises de la maison et l’eau y est très pure.

À qui appartient le bois? demande l’un des frères Lespine.

À chacun de vous, sur votre propriété respective. Sachez que vos terres s’étendent d’une rive à l’autre de l’île.

La rive du chenal?

Le rang et la rive du chenal appartiennent à monsieur de Ramesay.Mais vous en aurez l’usage.À votre charge de les entretenir.Vous pourrez accoster votre barque devant votre maison.

Aurons-nous le droit de chasse et de pêche? s’inquiète Jean-Baptiste Désorcy.

Bien sûr, répond l’intendant avec un grand sourire.Voua pourrez y pêcher toutes les perchaudes et toutes les barbottes pour permettre à vos dames de mijoter les meilleures gibelottes du royaume.Et si vous avez bon œil, vous pourrez abattre toutes les sauvagines que le ciel vous apportera.

Du coup, les hommes sont conquis.Les actes de ventes sont signés devant le notaire.

Le printemps suivant, après la débâcle, les Désorcy mettent leur maison de Dombourg en location, embarquent leur ménage sur un bateau, chevaux, bestiaux, meubles, charrette, outils . .