PRÉSENCE DE LUMIÈRES
La Cacocratie
L’oiseau de lumière
Illustration de Louise Lincourt
L’automne prochain, aux Presses de l’Université Laval, collection Mercure du Nord, sera publié mon essai intitulé:
La CACOCRATIE (ou la démocratie assassinée par le mensonge)
Michel Lincourt PhD, Chaire UNESCO-UQAM de philosophie, Institut d’études internationales de Montréal, Université du Québec à Montréal
Table des matières
Mot de madame Josiane Boulad-Ayoub PhD, professeure émérite, titulaire de la Chaire UNESCO-UQAM de philosophie
Lumières, Où j’affiche mes couleurs.
Brouillard, Où j’exprime mon malaise : le monde n’est peut-être pas celui qu’il prétend être.
Précisions, Où j’essaie de cerner quatre notions : bruit et silence, réalité et fiction, démocratie et dictature, vérité et mensonge.
Maillage, Où je décris la Toile informationnelle qui encercle notre monde.
Matraquage, Où je constate que la Toile est un instrument de propagande commerciale.
Antécédents, Où je survole les mensonges historiques, de Dieu créateur à Pinocchio.
Propagande, Où j’observe les mensonges au XXe siècle.
Faux, Où je présente les sept principaux faux qui ensanglantèrent l’humanité.
Glissade, Où je vois la démocratie s’enliser dans le marécage mensonger.
Abrutissement, Où je donne des exemples de mensonges contemporains.
Cacocratie, Où je constate que nous ne vivons plus en démocratie, mais en cacocratie.
Post-cacocratie, Où je suggère l’humanisme pour sortir du marasme.
Pourquoi ? En guise de conclusion.
Bibliographie
(Extraits)
« Je me dis : je vis en démocratie ? Vraiment ? Soudain, je doute. Un malaise s’infiltre dans mon esprit, comme un brouillard malsain sur la ville. Je veux me rassurer : oui, bien sûr, au Canada, je vis en démocratie parce que je vote. Mais est-ce suffisant ?
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Peut-être ne suis-je inquiété que par les discours ambiants, délétères et cyniques des politiques et des mandarins de tout acabit ? Ou peut-être suis-je tout simplement naïf ? Que croire, qui croire ? Le scrutin, est-il ce qu’il prétend être, c’est-à-dire le moyen de choisir en toute liberté mon représentant au parlement de mon pays, pour administrer la société où je vis selon mes besoins et mes aspirations, et pour adopter des lois en conformité avec mes valeurs ? Ou au contraire le scrutin n’est-il qu’un habile simulacre, qu’un marché de dupes où le mensonge prolifère ? »
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« Qu’est-ce que la cacocratie ?
— C’est la démocratie assassinée par le mensonge.
— Le mensonge?
— Depuis la nuit des temps, il foisonne dans le discours public et infecte le monde ; aujourd’hui, il prolifère sur la Toile informatique, sape notre conscience citoyenne et nourrit la cacocratie.
— Et la cacocratie ?
— C’est une oligarchie financière, informe, amorale, ubiquiste, insidieuse et nocive, qui se cache dans l’assourdissant brouillard informationnel pour siphonner les richesses de la planète.
— Et alors ?
— C’est le régime politique qui nous gouverne aujourd’hui, à notre insu.
— Ne sommes-nous pas en démocratie ?
— Elle n’est plus qu’une façade … elle agonise.
— Ne devons-nous pas réagir ?
— C’est l’objet de cet ouvrage. »
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« Pourquoi ai-je écrit ce livre ? Pour une raison simple et terrifiante : la démocratie agonise et je dois faire ma part pour inciter mes concitoyens à réagir. J’aimerais souhaiter que la fin de mon travail annonçât le commencement du dialogue, que la réflexion solitaire se mît au service d’échanges constructifs.
Il y a quatre ans, à l’amorce de ma réflexion, j’entretenais trois idées reliées. Je me disais que les super riches de notre monde étaient aussi ceux qui nous gouvernaient … et qu’ils le faisaient avec beaucoup de subtilité et d’âpreté, à notre insu, je me disais aussi que ces gens et leurs stipendiés ne cessaient de nous mentir, parfois en déformant la vérité, le plus souvent en la taisant et, troisièmement, je me répétais que la démocratie n’était plus qu’un simulacre. Mon travail de recherche a confirmé mon intuition originelle, nourrie tout de même de cinquante années d’observation.
Depuis la nuit des temps, les mensonges dans le discours public ne cessent de proliférer. Que cachent-ils? Ils dissimulent une superstructure planétaire de banques et de sociétés multinationales qui régimente au-dessus des parlements et des peuples, et qui siphonne vers elle le plus clair de la richesse ; par l’intermédiaire d’une multitude de lobbies et de d’officines idéologiques, elle envoie vers le bas ses conseils de ‘bonne pratique’ néolibérale, répétant jusqu’à la nausée qu’en dehors des voies suggérées par elle, qui vont toujours dans le sens de ses intérêts, il n’y a pas de voies possibles. Bien sûr, c’est là une duperie éhontée. Malgré tout, nos élites opinent, se prosternent et parfois glanent leur petit profit. Le bon peuple, lui, ne comprend plus rien ; drogué par l’assourdissant tumulte informationnel craché par les réseaux sociaux de la Toile, il ne voit son bonheur que dans l’acquisition sans fin de babioles tendance.
Nous ne vivons plus en démocratie mais en cacocratie, sous la botte cirée de ces oligarques qui savent si bien distiller la mystification. L’absurdité n’est pas que la démocratie ait complètement disparue ; non, elle est toujours là, mais elle est devenue insignifiante. Comme paralysée. Sauf en temps de crise planétaire comme maintenant. Alors là, les maîtres de l’économie s’affolent, découvrent tout à coup l’utilité d’un secteur public qu’ils méprisaient, y déversent sans pudeur leurs angoisses et leurs problèmes, licencient leurs employés, mettent leur pécule en sécurité et réclament des subsides avant de se retirer sous leur tente dorée à l’abri du virus. Mais ce sont les exécutifs gouvernementaux qui s’activent pour contrer la déferlante, pas les parlementaires. Certains chefs de gouvernement et certains haut-fonctionnaires le font avec un remarquable discernement. Mais nos représentants, eux, se cachent. »
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« La pandémie a fait des perdants et des gagnants. Les perdants sont ceux qui doivent emprunter pour survivre ; les gagnants sont ceux qui possèdent un magot à prêter. Les perdants sont ceux qui ignorent tout des montages financiers qui plus que jamais conditionnent leur vie ; les gagnants sont ceux qui connaissent les secrets des prêts à intérêt composé. Les perdants sont infiniment plus nombreux que les gagnants ; les gagnants sont infiniment plus riches que les perdants.
Comment éradiquer cette déplorable engeance ? Je ne vois qu’une porte de sortie : que des intellectuels sensibles, des universitaires consciencieux et des citoyens éveillés prennent l’initiative de lancer un débat public sur les dérives de notre démocratie, et d’ouvrir quelques fenêtres pour que les Lumières nous inondent de leur radieuse vérité. »
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